dimanche 18 mai 2008

Valérie Pécresse à Heidelberg

Facs : Pécresse s'inspire
de l'exemple allemand

Marie-Estelle Pech
Le Figaro
21/04/2008 | Mise à jour : 22:20 |
http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/04/22/01001-20080422ARTFIG00010-facs-pecresse-s-inspirede-l-exemple-allemand.php
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La ministre a vanté l'université de Heidelberg comme une réussite «à suivre» pour les établissements français.

Pour les étudiants français qui réalisent une année d'études à l'université de Heidelberg, en Allemagne, la certitude est sur toutes les lèvres : «Ici, on se sent bien !» Une évidence pour ce jeune étudiant scientifique issu de l'université Paris-VI (Jussieu) toujours en pleins travaux : «Si la recherche est excellente en France, on ne peut pas en dire autant des conditions de vie…» Le campus verdoyant «Im Neuenheimer Feld», situé à dix minutes du centre-ville et de son célèbre château, contribue beaucoup à cette image idyllique.

Les bâtiments modernes et les cafés répartis un peu partout sont très loin de l'aspect souvent dégradé de l'immobilier universitaire français. La large rue qui fait le tour du campus permet de laisser libre l'intérieur pour les piétons et les vélos, très utilisés par les étudiants. L'université de Heidelberg, fondée en 1386, l'une des meilleures d'Allemagne, a réussi son passage dans la modernité. Elle constitue même pour Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur, en dé­placement, lundi , «un exemple à suivre» pour les universités françaises qui vont présenter d'ici à dix jours leurs projets de «campus d'excel­lence», voulus par Nicolas Sarkozy et financés sur les 3 % de parts d'EDF récemment vendues par l'État.

Le site universitaire allemand a été aménagé au début des an­nées 1970 et pensé de façon globale alors qu'en France, trop souvent, les bâtiments ont été construits les uns après les autres de façon indépendante. À Heidelberg, on a essayé de rapprocher les espaces proprement universitaires et les espaces extra-universitaires tel le centre allemand de recherche contre le cancer. Un Technologiepark permet aussi aux entreprises les plus innovantes dans le domaine des biotechnologies de collaborer avec les institutions de recherche. Trois cliniques spécia­lisées articulent l'enseignement et la recherche, mais aussi la thérapie médicale moderne. Enfin les quelque 4 500 étudiants sur les 26 000 que compte l'université sont logés sur le campus et y apportent leur dynamisme. Les enseignants étrangers peuvent aussi bénéficier de la vie sur le site : quelque 80 chambres leur sont réservées.

Autonomes depuis 2004

«Tout est pensé pour les étudiants», explique Élie Sabry, étudiant en licence d'histoire et originaire de l'université de Poitiers, brandissant une petite carte qui lui sert à la fois pour payer sa cantine, les transports en commun ou le lave-linge. Le cadre est «calme, reposant» et en même temps à quelques minutes de la vie cultu­relle du centre-ville. À Poitiers, «on est loin de tout», regrette-t-il. «Les bibliothèques sont tout le temps ouvertes !» renchérit Philippine de Saint Roman, étudiante en master d'histoire de l'art et muséologie, qui se réjouit de pouvoir travailler, si elle le souhaite, «de 8 heures du matin à 22 heures le soir. Tous les livres anciens sont en libre accès, s'enthousiasme-t-elle, alors qu'en France, il faut demander des autorisations multiples.»

Depuis 2004, les universités allemandes sont devenues auto­nomes, précédant la France. Et elles disposent de moyens financiers conséquents : à Heidelberg, soixante-dix personnes s'occupent à elles seules des questions immobilières de l'université ! Les financements proviennent du Land (région), la ville et le Bund (État), aidés par des fondations privées, très présentes. L'idée de créer une dizaine d'universités d'élite dans le pays, à l'image de ce que veut faire la France, est apparue il y a deux ans : «Cela augmente l'émulation entre les universités dans un pays assez égalitaire», explique un officiel. Si pour s'inscrire à Heidelberg, retenue comme «université d'élite», il ne faut encore débourser que 1 000 euros par an, la concurrence est réelle à l'entrée : examen de dossier et entretien sont désormais au programme.

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